santé

Rester en forme pendant l’hiver avec les plantes médicinales

Argousier, millepertuis, aconit ou encore belladone nous accompagnent tout au long de cette période où les jours sont plus courts, renforçant nos défenses naturelles.

Saison sombre et froide, l’hiver est une épreuve pour le corps et pour l’âme. Il faut en effet bien souvent affronter refroidissements, infections, dépression hivernale, conditions météorologiques et environnementales difficiles qui jouent sur l’état de la peau, productivité en baisse et fatigue. Deux groupes de plantes peuvent nous aider à traverser cette période : les plantes estivales, très chargées en lumière et en chaleur, qui stockent les énergies de la saison chaude et les transmettent à l’organisme sous forme concentrée pendant l’hiver, et les plantes toxiques, utilisées en toutes petites quantités, à doses homéopathiques, qui peuvent stimuler la capacité d’autoguérison du corps.

Nous avons choisi quatre représentants emblématiques de ces deux groupes : l’argousier, as de la survie assoiffé de lumière, le millepertuis perforé, grand ami du soleil, la belladone, étrange et mystérieuse, et l’aconit, hautement toxique.

L’argousier: un trésor de vitamines amoureux de la vie

Il résiste aux sécheresses, aux longues périodes de gel, aux canicules et aux tempêtes. Il entretient une relation particulière avec la lumière, et cache en lui un trésor de vitamines.

Le millepertuis: une lumière pour l’âme

Cette plante médicinale a noué une relation toute particulière avec le soleil et nous fait don de sa lumière.

La belladone: la plante aux deux visages

Cette plante toxique est indiquée comme médicament homéopathique en cas de fièvre, de toux et d’inflammation de la gorge.

L’aconit: une beauté empoisonnée

C’est l’une des plantes les plus toxiques d’Europe. Pourtant, à dose homéopathique, elle permet de soulager douleurs et fièvres.

Découvrez comment ces plantes renforcent nos défenses naturelles lorsque la morosité des jours d’hiver pèse sur notre moral et notre vitalité.

Argousier

Un trésor de vitamines amoureux de la vie

L’argousier vit en symbiose avec des bactéries qui se développent dans les nodules présents au niveau de ses racines, qui fixent l’azote atmosphérique dont se nourrit ensuite l’arbuste. L’argousier est insatiable : il se gorge d’air, d’eau et de lumière, essentiels à sa bonne croissance. Cet arbrisseau au port buissonnant très garni atteint facilement les six mètres de haut, tout en étant fermement ancré dans le sol grâce à son système racinaire extrêmement ramifié. Les baies d’argousier sont farouchement protégées par des feuilles effilées et de nombreuses épines. Les feuilles étroites, brillantes et argentées de la plante sont recouvertes d’un fin duvet, et ralentissent l’évaporation de l’eau. Au début du mois d’août, l’argousier se couvre de fruits de forme ovoïde, de 5 à 10 mm de long, qui font partie de la catégorie botanique des drupes. Ces baies jaune-orangé brillantes accumulent les rayons et la force de vie du soleil qu’elles transforment ensuite, sous l’action de l’eau et de minéraux, en un véritable trésor de nutriments. La baie d’argousier contient des huiles précieuses à la fois dans sa pulpe et dans ses noyaux, caractéristique relativement rare dans le règne végétal. Ainsi, la plante est en mesure de produire et de stocker non seulement des vitamines hydrosolubles (vitamine C et vitamines B) mais aussi des vitamines liposolubles et leurs précurseurs (comme la vitamine E et les caroténoïdes). La richesse et la variété des vitamines qu’elle contient confèrent à la baie d’argousier une grande valeur nutritive, faisant de la plante un complément de choix pour les régimes végétarien et végétalien. Source d’antioxydants, d’acides gras insaturés et d’oligo-éléments, elle protège et renforce les cellules du corps humain.

Origine

Soleil et sable: L’argousier est un arbuste sauvage originaire d’Asie centrale, qui a été utilisé très tôt dans la médecine traditionnelle tibétaine. Au cours des millénaires, il a peu à peu colonisé l’Altaï, le Caucase et les Carpates, jusqu’aux Alpes. Aujourd’hui, son territoire s’étend jusqu’aux côtes de la Mer du Nord et de la Mer Baltique. En Europe centrale, on en trouve principalement deux sous-espèces, celle de l’arc alpin présentant des baies plus petites et une teneur en vitamine C plus élevée que sa cousine du Nord. Le bassin méditerranéen offre également à l’argousier des conditions idéales, notamment la Toscane, dans la Maremme : les sols sablonneux, les douces températures et le fort ensoleillement de cette région lui ont permis de s’acclimater à la perfection et lui assurent une forte concentration en principes actifs.

Utilisation

Bon pour l’intérieur comme pour l’extérieur: l’argousier est un complément alimentaire recommandé lors de la saison froide et en cas d’affaiblissement des défenses immunitaires, par exemple en cas de refroidissements à répétition. Le jus d’argousier naturel, consommé pur, constitue alors un remède de choix. Si le jus pur d’argousier est trop acide, il est possible de l’incorporer dans du muesli ou un yaourt (au soja) ou encore le mélanger à d’autres jus de fruits. En usage externe, les crèmes, lotions et huiles à l’argousier constituent un soin stimulant pour la peau, particulièrement adapté en hiver lorsque la peau se dessèche, pèle et démange. L’énergie du soleil emmagasinée dans ses baies et les défenses qu’il doit développer pour survivre dans des environnements souvent hostiles font de l’argousier un allié de choix pour combattre les maux de l’hiver.

Le millepertuis

Le millepertuis

Dès le XVIe siècle, Paracelse avait observé l’étroite relation entre le millepertuis perforé et le soleil. Sa floraison intervient au moment du solstice d’été, en juin, et la plante s’épanouit particulièrement bien dans les endroits très lumineux : l’herbe de la Saint-Jean n’aime pas l’ombre. Sa fleur jaune d’or, le liquide rouge sombre qui s’écoule lorsqu’on écrase la fleur ou le bourgeon, ou encore la forte odeur épicée de ses feuilles trahissent également ce lien. En outre, les fleurs odorantes du millepertuis s’ouvrent une heure avant le lever du soleil, juste à temps pour saluer son ascension. Autre élément qui atteste du caractère héliophile de la fleur : le triangle inversé formé par ses branches, comme une pyramide posée sur sa pointe et un geste d’offrande envers le soleil. Le principal domaine d’application du millepertuis n’est pas, lui non plus, sans lien avec la lumière solaire : ses propriétés antidépressives et stimulantes pour le moral en font un remède tout indiqué pour les dépressions légères à modérées. L’Hypericum peut être administré sous forme de préparation phytothérapeutique avec une quantité définie de principe actif, ou sous forme homéopathique. À la mauvaise saison, sa réputation de « rayon de soleil végétal » en fait l’allié idéal pour lutter contre la dépression hivernale et attendre sereinement la fin de l’hiver. Le millepertuis est en outre également utilisé pour soigner certaines blessures, comme les coupures.

Histoire

Lutte contre les démons : Comme l’indique son nom vernaculaire d’« herbe de la Saint-Jean », le millepertuis fleurit aux alentours de la Saint-Jean, le 24 juin, soit tout près du solstice d’été (21 juin). C’est la période de l’année où les jours sont les plus longs et où la lumière est à son apogée. Le nom scientifique d’Hypericum perforatum provient du grec hyper (au-dessus) et icon (image) : on peut le traduire par « plus beau qu’une image », mais aussi par « au-dessus de l’image ». Les Grecs de l’Antiquité plaçaient en effet cette plante au-dessus de leurs représentations divines pour éloigner les mauvais esprits. L’épithète perforatum vient quant à lui du latin, il signifie « perforé ». En effet, les feuilles de cette plante, qui atteint une hauteur de 20 à 90 cm, sont ponctuées de minuscules glandes : à contre-jour, ces dernières donnent l’impression que les feuilles sont percées. Au Moyen-Âge, on rapprochait cette caractéristique des blessures du Christ : le millepertuis était donc utilisé pour éloigner le diable et les démons, ce qui lui a valu son autre nom de chasse-diable, Fuga daemonum. Connu aujourd’hui comme antidépresseur naturel, il aide à lutter contre les idées noires et les humeurs maussades.

Aconit

Une beauté empoisonnée

Ses fleurs se composent de cinq pétales bleu-violet. La forme du pétale supérieur évoque celle d’un heaume, ce qui lui vaut son nom de « Casque de Jupiter ». Sa floraison intervient entre mai et septembre. Toutes les parties de la plante sont hautement toxiques, sa racine occupant la première place. Son principal principe actif est l’aconitine, l’un des poisons végétaux les plus violents qui soient. L’Aconitum napellus L. est cultivé à des fins médicinales, et la récolte s’effectue pendant la période de floraison, qui intervient généralement en juillet. Même dans le cadre de sa culture et de sa cueillette, il faut prendre garde à sa forte toxicité : un simple contact sur la peau nue peut suffire à absorber d’importantes quantités de poison. Unique en son genre par bien des aspects, qu’il s’agisse de sa racine particulièrement vivace, de ses feuilles pennées, de sa fleur recourbée en forme de casque ou encore de sa toxicité, cette plante a une influence considérable sur le système nerveux humain. Bien dosée, elle aide à lutter contre l’agitation ou la surstimulation des nerfs, notamment en cas de douleurs nerveuses (névralgies) et de lésions inflammatoires des nerfs (névrites). Dans ces cas, l’aconit tue-loup bleu est un antalgique efficace, à la fois en usage interne, sous forme homéopathique, et en usage externe, sous forme d’huile ou d’onguent. Ce remède est notamment indiqué en cas de fièvre, de palpitations et de douleurs associées à un refroidissement prononcé ou une infection grippale. Les fortes toux sèches, les angoisses et l’agitation sont également des symptômes pour lesquels l’aconit est tout indiqué. Les remèdes contenant de l’Aconitum napellus L. à dose homéopathique sont largement  dans le traitement des infections inflammatoires, et particulièrement en début d’infection de type angine, bronchite, laryngite ou état fébrile lié à un coup de froid.

Origine

Une plante issue de la montagne : « Le casque de Jupiter » ou « capuchon de moine » bleu fait partie de la grande famille des Renonculacées. Il pousse dans les Alpes, jusqu’à une altitude de quelque 3 000 mètres. Le mot aconit proviendrait du nom de la ville antique d’Aconae, près de laquelle la plante poussait. Mais son nom scientifique d’Aconitum napellus L. peut aussi être rapproché du mot latin aconae, qui signifie « falaise rocheuse », évoquant ainsi l’habitat de haute montagne de la plante. Le mot latin napellus désigne quant à lui les navets, auxquels ressemble la racine de l’aconit.

Histoire

Une herbe magique empoisonnée : Dans l’ayurveda indien comme dans les médecines traditionnelles tibétaine et chinoise, les différentes espèces d’aconit étaient très prisées comme plantes médicinales. En Europe, l’aconit a longtemps été associé à la magie noire et aux empoisonneurs. Dans la Rome antique comme au Moyen-Âge, la culture de l’aconit a été interdite à plusieurs reprises, les classes dirigeantes redoutant plus que tout l’empoisonnement. Aux XIXe et XXe siècles, on a appris à effectuer des dosages précis de la toxine au seuil de sa toxicité pour traiter avec succès certaines douleurs, notamment les névralgies trigéminales (douleurs faciales liées au nerf trijumeau).

Belladone

La plante aux deux visages

Cette plante vivace ramifiée, qui pousse verticalement sur près de 1,5 m, est intégralement toxique. Ses baies appétissantes, agréables au goût, sont l’une des premières causes d’appel aux centres antipoison dans les régions ou la plante pousse à l’état sauvage (comme dans le sud de l’Allemagne). Les enfants les goûtent souvent sans se méfier et les adultes eux-mêmes la confondent avec des baies comestibles. Il suffit de quelques grains pour causer un grave empoisonnement, pouvant entraîner la mort par arrêt respiratoire et cardiaque. La belladone fleurit de juin à août, puis elle produit des baies noires de quelque 1,5 cm de diamètre. Diluée à haute dose pour des médicaments homéopathiques, pour lesquels elle prend le nom de « Belladonna », elle est traditionnellement utilisée dans le traitement de la fièvre soudaine et intense, ainsi que dans la prise en charge de nombreux troubles ORL (angines, otites, rhino-pharyngites...) fort courants en période hivernale.

Origine

Une plante de transition :  La belladone fait partie de la famille des Solanacées. Cette famille se caractérise notamment par ses fleurs à cinq pétales réunis à la base et par ses fruits en forme de baies. Parfaite représentante de ces caractéristiques, la belladone les met particulièrement en valeur. Ses différents noms lui viennent de ses propriétés psychédéliques et de sa réputation érotisante (belle dame) ou encore de sa ressemblance avec les cerises (cerise du diable). On trouve la belladone dans le centre et le sud de l’Europe, en Afrique du Nord, au nord de l’Angleterre et en Ukraine. Elle pousse sur des sols riches en humus et légèrement calcaires, et apprécie donc tout particulièrement les bordures de forêts chaudes et humides, les parcelles déboisées, les clairières et les champs. Elle aime particulièrement les endroits ombragés entre deux biotopes différents, ce qui n’est pas sans rappeler son double visage, entre ombre et lumière.

Histoire

Un dangereux psychotrope : Dans l’Antiquité, la belladone était utilisée à des fins religieuses et magiques. Puissant psychotrope, elle ouvrait l’accès à des expériences aux frontières du rêve et de la conscience, non sans danger mortel en raison de sa forte toxicité. Plusieurs principes actifs expliquent ces effets, notamment les alcaloïdes comme l’hyoscyamine, l’atropine ou la scopolamine, que l’on retrouve également chez d’autres solanacées.